Mareterra !
Cri du marin en vigie à la vue de la terre ? Cri d’un corsaire à l’abordage ? Non, Mareterra est le nom du nouveau quartier gagné sur la mer à Monaco.
J’en ai suivi la construction au fil de mes visites en principauté et il a été inauguré le 4 décembre 2024 par le Prince Albert II et la Princesse Charlène. J’en ai fait une première visite le 1er janvier 2025, dans la douceur de l’hiver monégasque et alors qu’il n’est pas encore très animé, et je mettrai à jour cet article lors de prochaines visites.
Mes premières impressions en résumé : variété des ambiances, minéralité, espaces verts, miroirs d’eau, intimité préservée des résidents, sécurité, calme, raccordement au Jardin Japonais et au Grimaldi Forum, recréation de la vie sous-marine, tout semble parfaitement conçu dans une œuvre architecturale accessible au public et seulement possible dans des lieux comme Monaco, loin des vandales et des incivilités. Bravo aux concepteurs, architectes et paysagers dont les coordonnées figurent en fin d’article.
En ce 1er janvier, les promeneurs étaient déjà nombreux à la découverte de ce nouveau quartier qui va certainement devenir un tout premier lieu de rencontres et de balade pour les monégasques, près du célèbre restaurant Cipriani et des concessions Ferrari, Rolls, Aston Martin, McLaren et Mercedes.
Histoire
C’est l’anse du Portier dans le quartier de Monte-Carlo qui a été choisie pour cette implantation dont le budget global est estimé à plus de 2 milliards d’euros. Pour 110 appartements, 10 villas et 4 maisons de ville dont les prix au mètre carré sont estimés à plus de 100 000 euros, voire 150 000 et au-delà pour les meilleurs emplacements. Eh oui, l’immobilier à Monaco rajoute déjà un 0 partout par rapport aux prix et aux loyers parisiens, que ce soit pour un appartement ou une simple place de parking !
Le projet a été lancé en 2013 et après les études préliminaires le premier coup de pioche, ou plutôt coup de drague, a été donné en avril 2017.
Les premiers caissons formant l’enceinte ont été scellés en mer en 2018 et cette ceinture maritime a été bouclée en décembre 2019.
En 2020, le fond a été vidé et comblé et une forêt de grues s’est installée. 5 ans ont ensuite été nécessaires pour édifier la mini colline, les bâtiments et végétaliser le tout.
J’ai retrouvé quelques photos faites lors de mes précédentes visites :
Environnement
Ce quartier vient se greffer harmonieusement entre le Larvotto et l’hôtel Fairmont dont on découvre la construction elle aussi en partie sur la mer depuis les abords de Mareterra. Dans quelques années, les visiteurs ne devineront même pas que le quartier a été gagné sur la mer, comme celui de Fontvieille.
Certes, il vient obstruer la vue mer de quelques immeubles dont les prix ont du chuter vertigineusement, lois de la jungle immobilière monégasque obligent ! Le Grimaldi Forum aussi a perdu sa vue mer mais y gagne de nouveaux accès. Et puis on vient au Grimaldi Forum pour ce qu’il y a dedans, pas pour la vue mer. J’y serai pour le salon Top Marques 2025 du 7 au 11 mai. Le jardin japonais a été conservé. Réaménagé dans sa partie longeant Mareterra, il s’insère maintenant dans le projet global.
Certains immeubles le long de l’avenue Princesse Grâce ont pris brutalement un coup de vieux aussi et évoquent plutôt maintenant des cages à lapins :
Il y a de l’eau partout à Mareterra, pas seulement autour. Des miroirs d’eau sont déposés ça et là et reflètent l’architecture dans les lumières sans cesse renouvelées de la Méditerranée. L’eau coule et court aussi dans des rigoles bordant les chemins.
On visite ?
Je commence la visite par celle du parking souterrain, d’une propreté absolue et raccordé à un parking déjà existant. On trouve là déjà, comme dans tous les parkings publics de Monaco, de fort belles pièces. Je ne l’ai pas exploré mais nul doute qu’il donne accès à des enceintes privatives sous les constructions avec accès directs. Je ne serai pas étonné qu’on puisse hisser sa Rolls ou sa Ferrari dans une des pièces des villas !
Un ascenseur nous remonte à l’entrée de Mareterra, sur la place Princesse Gabriella. La princesse a fêté ses 10 ans le 21 novembre dernier et a déjà une place à son nom à Monaco ! Cette place est agrémentée de deux miroirs d’eau ici décorés pour Noël. Un troisième bassin dans leur prolongement abrite entre ses murs les Quatre Lances, un mobile d’Alexander Calder.
Il y a 4 grandes zones à Mareterra :
- la partie minérale au sud avec la marina, la piscine et le spectaculaire immeuble sur pilotis de Renzo Piano,
- les jardins d’eau au milieu avec 4 immeubles végétalisés et agrémentés de bassins surplombant la mer, inaccessibles au public,
- les 10 villas sur 2 rangs au nord, également inaccessibles : par villa, n’entendez pas des pavillons de province ! Ce sont des immeubles à eux seuls à plusieurs niveaux et chacun leur piscine,
- la pinède, petite colline qui borde le jardin japonais et abrite 4 maisons de villes très discrètes.
Je commence donc la visite par le tour du spectaculaire immeuble de l’architecte italien Renzo Piano.
Je descends d’abord faire le tour de la marina du Petit Portier. Elle est encore vide pour le moment et les espaces commerciaux inoccupés mais un restaurant, le Marco, a déjà ouvert ses portes. Elle semble réservée à de petites unités car l’entrée en bateau est assez étroite et paraît délicate en cas de vent. Des marins d’eau douce pourraient bien aller se fracasser sur les piliers du Fairmont ! Et une fois à l’intérieur avec des bateaux partout l’espace pour manœuvrer sera restreint. On viendra plutôt y accoster son Riva ou son Chris Craft.
Je poursuis ma visite vers la piscine qui vient agrémenter l’ensemble à sa pointe sud. Durant sa construction, on pouvait s’interroger sur ce bassin jouxtant la mer par des baies vitrées où viendront s’écraser les vagues par mauvais temps. Bassin de récupération des eaux de pluie, de décantation d’eaux usées ? Mais non, c’est bien une piscine en eau libre, c’est écrit dessus, piscine Princesse Charlène. Je n’ai pas osé sauter le parapet bas et facilement franchissable qui la sépare de la promenade, on est à Monaco ici ! Sera-t-elle accessible au public ? Ce serait un nouveau spot de nage et de bronzette à Monaco.
En montant de larges escaliers, j’accède à l’esplanade minérale du Prince Jacques qui lui, a fêté ses 10 ans le 10 décembre. Il est jumeau « dizygote » de sa sœur Gabriella.
Au passage, on peut contempler le porte à faux de l’immeuble de Renzo Piano sous un angle où il ressemble à l’arrière d’un porte conteneurs. Il ne lui manque que le gouvernail et les hélices ! D’ailleurs, la construction anti-sismique doit faire que chaque appartement est conçu comme un conteneur pouvant bouger les uns par rapport aux autres. En cas de séisme, Mareterra peut tanguer et le tsunami passera sous l’immeuble principal entre les poteaux !
De larges pentes douces parcourent cet espace qui servira certainement de solarium aux monégasques. Il est agrémenté de quelques arbres et de deux miroirs d’eau. Des espaces communs de l’immeuble au rez de chaussée permettent aux résidents de profiter de canapés au soleil mais sont inaccessibles au public.
On aperçoit alors plus loin le haut des immeubles des jardins d’eau. Ces jardins en hauteur ne sont pas visibles et protègent l’intimité des résidents. On les longe en contrebas par la promenade du Prince Jacques bordée par la mer à bonne hauteur, de sorte qu’elle ne sera peut-être pas fermée par mauvais temps. Deux surprises vous y attendent :
- La chambre de méditation : elle fait penser à une chambre anéchoïque dont les parois absorbent les sons. Les dièdres sont ici remplacés par des concrétions de verre ou de quartz diverses et variées. Pour méditer, il faudra repasser ! Je l’ai vue plutôt encombrée de visiteurs intempestifs et pressés et de mômes braillards.
- La grotte bleue : une pièce est équipé d’un écran qui projette un film sur les espaces marins autour de Mareterra. Ceux-ci ont été réaménagés avec des récifs et collines artificielles ayant permis la réimplantation d’une faune et d’une flore maritimes extrêmement diverses. Voilà qui fera taire les éternels écolos grincheux d’EELV dont on sait qu’il n’y a jamais eu autant de pollutions que depuis qu’ils existent ! À visiter cet été avec un masque et un tuba depuis la plage du Larvotto.
Une porte donne ensuite accès à un balcon intérieur qui offre une vue plongeante et spectaculaire sur les profondes et sombres entrailles des caissons qui entourent et supportent Mareterra. La mer pénètre à l’intérieur et j’espère que ça restera ouvert par tempête !
On continue la balade vers le nord et on aperçoit le quartier du Larvotto en contournant la zone des villas elles aussi inaccessibles et pratiquement invisibles.
À la pointe nord débouche un petit cours d’eau qui ruisselle sur des escaliers. On repique vers le sud par la vallée de la Pinède pour revenir vers le point de départ en longeant le jardin japonais qui offre une de ses entrées.
On peut alors s’engager dans la pinède et monter sur la colline en longeant un muret qui ressemble à un mur en pierres sèches parfaitement choisies et étroitement imbriquées. Mais tout est cimenté par en dessous et même les petits cailloux ne bougent pas. Des enrochements agrémentent l’espace.
Ce chemin se termine en cul de sac sur un joli miroir d’eau au fond de pierre travaillé. C’est de là que part l’eau qui ruisselle le long du chemin, amenée par des pompes cachées.
En redescendant, on contemple côté droit les anciens immeubles de Monaco …
… et du côté gauche l’arrière des immeubles des jardins d’eau.
De subtils aménagements en barres verticales chromées sont là pour dissuader les curieux car bien que simples ils me paraissent tout simplement infranchissables. On risque de s’y coincer dedans ! À ce moment le gardiennage local ne manquerait pas d’intervenir car tout Mareterra est truffé de caméras de surveillance aussi discrètes qu’efficaces.
Je trouve toutefois un étroit passage public au cœur de Mareterra. Il conduit à l’arrière des 4 maisons de ville avec chacune une entrée sur un mur aveugle. Où sont les fenêtres ? Pas de ce côté dominé par les immeubles des jardins d’eau. Il faut retourner côté jardin japonais pour deviner quelques fenêtres et baies vitrées inaccessibles et bien cachées dans l’architecture et la végétation. Ici aussi, l’intimité de ces vastes maisons est préservée.
Ce passage donne donc sur l’avenue Mareterra, rue piétonne centrale qui dessert les 4 immeubles des jardins d’eau. Au bout, une vaste guérite et son gardien barrent le passage vers les villas, totalement interdites. Il faut aller sur Google Earth pour en deviner les formes et l’implantation, toutes différentes.
J’ai aperçu durant ma balade différentes portes vitrées dérobées, sans poignée ni bouton ni interphone ni rien. Je pense que les résidents disposent de badges magnétiques ou de télécommandes pour les franchir. De même on devine un peu partout des portes techniques bien fondues dans le décor et donnant accès aux ressources internes de Mareterra pour l’eau, l’électricité, le chauffage, les communications et la surveillance.
Qui pour habiter à Mareterra ?
Au prix du mètre carré, assurément de très grosses fortunes de la finance, de l’industrie, du sport, de la mode et du showbiz … Je m’abstiendrai de tout jugement ou jalousie quelconque et je considère qu’ils vont trouver ici le surcroît de discrétion et de sécurité pour eux, leur famille et leurs enfants, auxquels ils peuvent légitimement prétendre.
Je me suis demandé un moment après avoir parcouru cet espace si Mareterra n’était pas un décor de cinéma pour un remake du film The Truman Show. Toutes les personnes croisées étaient elles des acteurs ? Les caméras de surveillance ne servaient elles pas à enregistrer les séquences et à permettre à une régie invisible de piloter les épisodes et de mettre en travers de mon chemin des personnages destinés à me guider selon différents scenarii ? Pourtant je n’ai buté contre aucune cloison invisible peinte aux couleurs du ciel et de la ville et je suis sorti librement … Quoique … J’ai eu du mal à sortir du parking et j’ai buté un moment contre un mur blanc qui n’a pas voulu s’ouvrir, alors que la borne de sortie allumée et les marquages au sol étaient pourtant là, comme en trompe l’oeil …
Bibliographie
Web :
- RPBW (Renzo Piano Building Workshop)
- Valode & Pistre
- MDP (Michel Desvigne Paysagiste)
- Mareterra Monaco
- wapage.fr
Instagram : @rpbw_architects @valodeetpistre @mareterramonaco @micheldesvignepaysagiste
@wapage.nice.monaco
J’ai écrit cet article pour démontrer ma capacité, développée dans le groupe Safran, à écrire sur tout, à raconter n’importe quelle histoire, la vôtre, celle de votre entreprise ou projet, celle d’une personnalité ou d’un produit. Si vous souhaitez l’écrire vous-même je peux vous créer votre blog et vous donner les règles simples de rédaction et de droit à l’image.
Patrick GERMAIN pour wapage.fr
